Depuis des décennies, les sapeurs-pompiers ont été en première ligne pour répondre aux urgences et assurer la sécurité publique. Ce métier exige non seulement un haut niveau de compétence et de dévouement, mais également une résilience physique et mentale qui tend à se développer. Parmi les nombreux défis auxquels ils sont confrontés, la gestion du sommeil revêt une importance cruciale. En effet, la nature imprévisible des interventions d’urgence et les horaires de travail irréguliers peuvent entraîner des perturbations importantes du cycle de sommeil des pompiers, mettant ainsi en péril leur bien-être et leur capacité à répondre efficacement aux situations critiques.

Dans cette optique, la récupération du sommeil est devenue un enjeu majeur pour les personnels militaires, volontaires et professionnels suscitant un intérêt croissant pour les stratégies visant à optimiser le repos et la récupération. Cette introduction examinera les défis spécifiques auxquels sont confrontés les pompiers en matière de sommeil, ainsi que les différentes approches et initiatives mises en œuvre pour favoriser une récupération efficace, garantissant ainsi leur santé, leur sécurité et leur efficacité opérationnelle.

Juin 2023, je me penche sur la problématique du sommeil dans ma profession, au détour de lectures scientifiques, il me semble aberrant que nous ne soyons pas plus sensibilisés à ce sujet et surtout que nous n’ayons pas de méthodes ou d’outils pour contrer les effets délétères du manque de sommeil.

Les résultats

Le questionnaire en question (ici si vous souhaitez le lire en complet) regroupe x entrées et fût distribué aux agents de 5 Services Départementaux d’Incendie et de Secours (SDIS) métropolitains, soit 560 personnes, l’âge moyen est de 41 ans avec une moyenne de 21 ans de service (professionnel ou volontaire).

Caporaux, sergents et adjudants obtiennent 28% chacun du grade, 10% sapeur, 4,5% lieutenant et 1% capitaine, commandant, lieutenant-colonel.

A la question “faites-vous la sieste”, 77% réponses oui avec une moyenne de 59% entre 20 et 40 minutes que l’on peut analyser comme la sieste médiane (notre repos se situe entre midi et 14h, juste après le repas), 24% moins de 20 minutes, 17% plus de 40 minutes.

Fait intéressant, 41% des sujets disent ne pas “récupérer correctement après la sieste”, la majorité oui à 60%.

D’un point de vue opérationnel maintenant, lors d’une nuit de garde, en moyenne 65% des agents dorment entre 3 et 5h, 20% plus de 5h. Sous cette barre, il est nécessaire de rappeler que cette habitude chronique selon l’ANSES ?? est source de cancers….

46% des sondés dorment entre 6 et 7h malgré tout, ce qui est raccord avec la moyenne nationale, mais est ce que ce sommeil est réparateur ? à 53% la qualité du sommeil est moyen, mauvais à 28%, bon à 19% et 29% ressentent le syndrôme de jambes sans repos, les fameux SJSR dont une étude avait été rédigée auprès de la BSPP, ces gênes survenant au coucher et perturbant l’endormissement.

Autre fait important, 79% des agents se disent “fatigués à la garde”, ce chiffre peut être alarmant suivant le degré de fatigue, impliquant des problèmes de sécurité (conduite, progression sous appareil respiratoire isolant…) avec un pic en milieu d’après-midi et en début de soirée.

Malgré ces prises de conscience, 74% des agents n’ont pas de stratégies pour améliorer la qualité de leur sommeil et un des points noirs et l’utilisation du smartphone dans le lit à 64% et 94% savent que cela est “délétère à l’endormissement”.

27% ont des stratégies et pour cela ils mettent en œuvre de la respiration (cohérence cardiaque), des méditations guidées, température fraîche dans la chambre.

Une question ouverte est posée : “comment votre sommeil affecte t’il votre vie quotidienne en dehors du travail ?”, en majorité voici les réponses :

  • irritabilité, tolérance réduite
  • nervosité
  • perte de motivation
  • gestion émotionnelle non maitrisée avec la famille
  • céphalées
  • récupération plus longue nécessaire (+2 jours sans garde)
  • fatigue continue dans la journée

Face à ces troubles, 91% des agents ne consultent pas et ce même chiffre n’aborde pas le sujet avec le Service de Santé et de Secours Médical (SSSM).

Se pose alors la dernière question, “souhaitez-vous des outils pour améliorer la qualité de votre sommeil”, les sondés ont majoritairement mentionné :

  • siestes adaptées les jours de garde et de repos
  • salles “hiboux” dédiées à la détente et à la déconnexion
  • amélioration du bip (bruit, vibreur) et lumières moins agressives de nuit au stas
  • gestion du stress
  • récupération physique
  • techniques de détente
  • roulement des personnels lors des départs de nuit
  • recrutement de personnel

Les effets d’une mauvaise qualité de sommeil

Les effets sont nombreux, parmi les plus impactantes on peut citer :

–  insomnies,

– syndrome d’apnées du sommeil (SAHOS),

– syndrome des jambes sans repos (SJSR),

– diminution de l’efficacité du travail de nuit. Une étude révèle que la privation de sommeil correspond à un comportement similaire à l’état d’ébriété : 17h d’éveil correspond aux effets (perte de lucidité, réduction du champ de vision….) d’une alcoolémie de 0,5gr/l, 24h d’éveil = 1gr/l.

Les solutions

La sieste

La littérature scientifique regorge d’études démontrant les effets bénéfiques de la sieste, elle est un outil efficace les lendemains de garde ou de nuit éveillée.

Pour récupérer des capacités cognitives, dormir 10 minutes (sieste flash) le lendemain, idéalement vers une des 3 portes du sommeil située entre 14h et 16h (moment le plus propice à l’endormissement) et permet de récupérer une vigilance rapidement.

Celle de 20 minutes (nap) permet de récupérer physiquement et mentalement,

La sieste de 90 minutes, ou royale permet de récupérer un cycle de sommeil (nous possédons 4 à 6 cycles de 90 minutes chacun), elle n’est pas à réaliser régulièrement mais lors d’une nuit blanche, elle est intéressante.

Point intéressant, ces 2 types de sieste de courte durée évitent une “inertie du réveil”, vous savez, cet effet cotonneux qui nous rends inefficace.

La PAM

La PAM ou Pré-Activation Mentale est une technique utilisée en TOP (Techniques d’Optimisation du Potentiel) permet de prendre conscience de son niveau de stress et ainsi de venir se placer dans sa Zone d’Activation de l’Action (ZAA).

Il suffit de démarrer par une Météo Interne puis d’adapter quelques respirations (triangle, carré…) afin de cibler sa fameuse ZAA. Son principe est simple, si je me sens en hyperstress, je cible des respirations relaxantes (par exemple le 2/4, j’inspire 2 temps, j’expire 4 temps, impact sur le système nerveux parasympathique). Si je suis en hypostress et que je souhaite alors me dynamiser, je vais faire l’inverse. Si je souhaite me réguler, une respiration carrée (les 4 phases se déroulent sur 4 ou 5 temps, inspir/apnée/expir/apnée…).

La relaxation

Permettre à son corps et à son mental de souffler en pleine conscience n’est pas que dans l’air du temps, c’est

La relaxation permet de récupérer, de se détendre ou bien de gérer son stress.

La récupération consiste à réaliser une sieste, thème abordé précédemment, la détente se travaillera via de la préparation mentale, à savoir des états hypnoïdes (pas l’hypnose de spectacle….), des relaxations musculaires directes/indirectes, certains training autogène de Schultz etc…. il faut pour cela passer entre les mains d’un préparateur mental, praticien TOP qui sera en mesure de rendre autonome après quelques séances, un sujet.

La détente utilisera certaines techniques comme le fameux contracté/relâché (Jackobson) qui consiste sur un cycle respiratoire à contracter un groupe musculaire, garder la contraction sur une rétention du souffle puis de relâcher avec l’expiration, cet exercice est réalisé sur tout le corps et permet un relâchement profond en l’espace d’une dizaine de minutes.

Stimulation du nerf vague

Conclusion

La sieste est une activité très répandue dans la profession, il est nécessaire de cadrer sa pratique par la mise en place de méthodologies voir de développer le TPO qui se veut optimal

Les SP sont des personnes à risque de troubles du sommeil qui sont sous-diagnostiqués. La prévention par l’éducation et le dépistage systématique pourrait limiter le risque d’accident de travail et améliorer la santé des SP.

Sources

No responses yet

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *